Vous aussi, vous rêvez d’air pur et d’un paysage végétal en milieu urbain ? Au Val Solidaire, on s’est dit que cette utopie commence dans l’assiette. Johann Bernhard, jeune papa et militant pour la préservation des lopins de terre nourricière en ville, a sourcé pas moins de 80 producteurs sur notre territoire. Et vient de poser ces cageots au Val Solidaire !
Interview de Johann Bernhard
Un mot sur ton enfance
Je nais à Colombes dans les Haut de Seine en petite couronne déjà très urbanisée. La campagne, on ne la connait qu’à travers notre Grand-père qui élève quelques volailles en Charente et a qui l’on rend visite 3 ou 4 fois dans l’année. Mais aussi à travers ce que nous en raconte mon père qui travaillait plus jeune dans les champs de son grand père.
C’est d’abord pour des raisons de sécurité que mes parents cherchent à fuir la cité des Grèves de Colombes. Ils recherchent une mixité rurale/urbaine qu’ils trouvent finalement dans les villes nouvelles de Sénart. J’ai 11 ans lorsque l’on aménage à Combs la Ville. Quand je ne suis pas chez moi ou à l’école, je suis sur un terrain de foot. Je m’oriente vers les métiers de la recherche, j’étudie la physiologie animale et végétale, puis la génomique. A la fin de mes études, je comprend que dans la recherche, on cherche surtout du travail. Je suis une formation en développement web en attendant de trouver un poste.
Comment l’idée d’aller à la recherche des producteurs t’es venue ?
En 2012, j’ai commencé à suivre la campagne présidentielle et je me suis intéressée à la transition écologique. Encarté au départ, j’ai vite compris que les enjeux dépassent les clivages politiques. Rapidement, avec un collectif de tous bords, on s’est donnée comme objet d’initier la transition écologique. Avec la création de l’association de sensibilisation “Ose Agir” (Objectif Solidaire d’échange et d’action par une génération innovante et responsable), le mouvement s’est mis en route, notamment sur la question de l’agriculture et de l’alimentation. De fil en aiguille, l’animation de conférences, dont une en présence de Pierre Rabhi, précurseur du mouvement politique et scientifique de l’agriculture écologique en France, l’organisation de buffets locavores au festival Alternatiba Sénart ou encore l’animation du restaurant associatif à Corbeil Essonne, m’ont confortés dans ma vocation.
Quand as-tu commencé ?
De la rencontre avec Christelle Merlet, fondatrice du Relais Citoyen, qui source des producteurs sur le territoire, naîtra Court Circuit en janvier 2016.
En quoi consiste ton activité aujourd’hui ?
Je mets en place la distribution de produits locaux auprès des entreprises et des particuliers. La demande d’une restauration locale m’a également transformé en cuisinier.
Les freins que tu rencontres à ton activité ?
La fatigue qu’engendre le fait de travailler seul pour l’instant. J’espère pouvoir prendre quelqu’un dans mon équipe, pour à la fois continuer à cuisiner et livrer mes clients.
Peux-tu nous faire découvrir quelques producteurs « coup de cœur »
J’adore tous mes producteurs ! Mais je peux citer “Au Champ Soisy ”, le verger de Chalois à Champcueil qui produit plein de variétés de pommes et de poires; Jonagored, Cox Orange, Braeburn, Williams, Passe Crassane, Conférence, Comice…pour n’en nommer que quelques-uns. Le moulin de Chaillois fait une farine merveilleuse. Je pense à la Fromentellerie, la tomme de Pecy, les yaourts en bio… La liste est longue. Plusieurs ont aussi des démarches inspirantes, je pense à la ferme de l’Abondance à Vaux-sur-Lunain où des brebis sont arrivées pour la tonte du verger.
Des anecdotes heureuses ?
Quand les gens mangent, ça me fait toujours chaud au coeur, les jeunes aussi que je convertis au jus de cerise lors d’une soirée hiphop. La satisfaction d’être au bon endroit au bon moment. Lors de la période covid, j’étais bénévole pour la distribution de visières solidaires, ce vent dans le dos m’a stimulé plus que tout.
Mini-portrait gourmet
Ton fruit préféré ? La pomme
Ton légume préféré ? Le concombre, si croquant et gourmand
Ton produit transformé préféré ? Le brie fermier de Coulommiers, fait à Saint-Mars-Vieux Maison.
État des lieux de l’agriculture en Essonne
Avant d’en arriver aux denrées alléchantes qui seront bientôt disponibles chez nous, examinons quelques chiffres de notre territoire. Info pas forcément connue mais réjouissante, les terres agricoles occupent encore plus de 45% de notre département. Et si 90% des surfaces, réparties entre 732 exploitations, sont consacrées aux grandes cultures, la volonté d’en transformer une part pour une exploitation meilleure pour l’environnement, est affirmée.
Le bilan à date* ? Le département compte aujourd’hui 2 fermes connectées ; station météo, mesure du taux d’humidité des sols automatisé, etc., avec 91 exploitations engagées en bio sur plus de 5 000 hectares l’Essonne figure au rang du 2ième département francilien engagé sur cette question. En matière de filières durables, en Sud Essonne, le chanvre en est un bon exemple. Avec 4 700 tonnes, il est utilisé pour l’oisellerie, le textile et l’isolation. Le Cresson essonnien, avec 40% de la culture nationale, est inscrit au matériel immatériel de l’Unesco. Pour une recette de p’tite soupe cresson-lardons, c’est par ici.
* Source 2018 https://www.essonne.fr/cadre-de-vie-environnement/lactualite-cadre-de-vie-environnement/lessonne-terre-dagriculture